Bukavu : Monsieur le gouverneur, Cahi réclame ses jeunes !

Plusieurs acteurs de la société civile du Sud-Kivu ne sont pas d’accord avec le bilan de 36 personnes arrêtées et présentées mercredi après-midi par le gouverneur du Sud-Kivu Théo Ngwabidje comme des assaillants «capturés par les vaillants militaires des FARDC et la police» lors de l’incursion des hommes en armes dans la ville de Bukavu la nuit du mardi au mercredi 3 novembre 2021.

Si à travers des petites vidéos et photos balancées dans les réseaux sociaux Nyamoma croit que ces personnes sont parmi les assaillants, nombreux acteurs de la société civile restent sceptiques et affirment que la plupart sont plutot des enfants de la rue, des laveurs des véhicules, des drogués, bref, des personnes qui se sont simplement retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment.

C’est le cas par exemple de la société civile de Cahi dans la commune de Bagira qui réclame déjà 10 de ses jeunes dont les visages ont été aperçus parmi les personnes présentées à la Presse, des arrestations qu’elle juge arbitraires.

«Parmi ces jeunes, il y a 7 membres de la famille d’un certain Elisha qui a été tué par balle perdue à Camp Régie dans lequartier Cahi. Vers 9 heures, ils accompagnaient le corps de cette victime de la barbarie à la morgue de l’hôpital général de référence de Bukavu, et c’est étonnant, écœurant et même irritant qu’ils soient présentés comme ça devant les caméras de Bukavu et du monde comme étant des présumés bandits pourtant la vie de leur frère venait d’être fauchée au lieu d’être protégée par ceux qui étaient censés garantir sa sécurité, et qui sans honte, les présentent aujourd’hui comme bandits», regrette Shukuru Lwekya, Président de la société civile de Cahi qui s’est rendu d’ailleurs au camp Saio cet avant-midi, accompagné de quelques membres de la famille des victimes pour faire un plaidoyer afin de revendiquer leur libération.

Il note que parmi les jeunes de Cahi arrêtés il y a des ferrailleurs, des petits commerçants, des taximen et même un enseignant, et que Dieu Seul sait s’ils ont déjà touché une arme, ou s’ils savent la manier.

La société civile de Cahi déplore cet agissement et demande gentiment au gouverneur du Sud-Kivu, aux FARDC et à la police de relâcher ces personnes qui accompagnaient les corps de leurfrère à la morgue dans l’ambulance du centre hospitalier de Cahi.

«Nous connaissons ces gens, leurs familles, leur travail et leurs avenues », insiste Shukuru Lwekya.

Déjà mercredi après-midi, le centre hospitalier de Cahi s’est plaint de l’arrestation vers Essence Major Vangu, de son ambulancier par les FARDC dans la matinée et conduit à la 33ème région militaire où il a passé plusieurs heures pour raison d’enquêtes avant d’être relâché plus tard. Son seul péché c’était d’avoir été trouvé avec le corps sans vie de ce jeune Elisha, victime d’une balle perdue dans son ambulance, corps qu’il conduisait à la morgue.

Dans son adresse à la presse, le gouverneur du Sud-Kivu Théo Ngwabidje a indiqué que jusque-là « les enquêtes se poursuivent pour identifier les auteurs matériels et intellectuels de cette situation », et a appelé les habitants au calme, et surtout à vaquer librement à leurs occupations, « Bukavu n’est pas tombé », a-t-il rassuré.

Pour l’instant face au doute, d’aucuns croient qu’il reste au gouverneur Ngwabidje, aux services de défense et sécurité, et à la justice de prouver que toutes les 36 personnes présentées là sont des vrais assaillants parmi ceux qui ont attaqué la ville de Bukavu mercredi sinon le contraire faciliterait les «Wazalendo» comme ils s’appelaient lors de leur incursion, à se la couler douce quelque part dans la nature, à Bukavu ou en dehors de Bukavu, tandis que des innocents seraient en train de croupir en prison.

Par Mitima Delachance

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